05-12 novembre 2024

Programmation

Section Filmer (dans) l’Architecture

Fort du succès de la précédente édition, la section Filmer (dans) l’architecture s’enrichit cette année encore. Appréhender l’espace pour mieux tisser des relations est au cœur du dispositif des films réalisés par des étudiants des Écoles d’Architecture parisienne. Ces premiers essais cinématographiques se prolongent par une première collaboration avec le Transfer Architecture Video Award témoignant de l’intérêt de la vidéo comme outil d’expression artistique et d’analyse critique.

De leur côté, les réalisateurs Rocio Calzado et Jasper Meurer présenteront leur projet de film documentaire Porte à porte qui explore l’histoire de sept tours de logements sociaux situées le long du périphérique parisien. Certaines ont été démolies, d’autres ont été transformées et témoignent du changement de paradigme en cours : transformer plutôt que démolir.

Témoigner d’un paysage urbain en mutation a aussi été la préoccupation de l’architecte-photographe Gabriele Basilico. Sans jugement sur la production d’une architecture du quotidien, son approche témoigne de « tout ce qui se trouve hors du profil et de la masse des bâtiments et qui contribue au dessin urbain de l’espace ». Témoigner toujours, Skin of Glass nous plonge dans un voyage émotionnel alors que la réalisatrice découvre que la création architecturale emblématique de son père est devenue un refuge pour des centaines de familles sans-abri à São Paulo.

Ces différentes approches offrent des expériences visuelles, sensorielles et philosophiques qui entrent pleinement en résonance avec le dernier film de Béka & Lemoine, Rehab from rehab, où sont repensés les espaces de vie pour une meilleure rééducation des corps meurtris par un accident de la vie. Des espaces généreux, lumineux où ils reprennent goût à l’existence.

Repenser les espaces de vie, c'est aussi envisager d'autres matériaux de construction. Les ressources locales, telles que la terre ou la paille, moins énergivores, limitent l’empreinte environnementale et la manière d’appréhender les espaces. Toucher terre illustre par des exemples concrets la réalisation de bâtiments où les matériaux alternatifs s’affirment comme prépondérants, tout comme la réhabilitation des métiers artisanaux.

Une nouvelle chaîne de valeurs se met en place et vient en contrepoint du lyrisme et du spectaculaire Architecton. L’extraction des ressources telluriques défigure le paysage, et la réalisation d’un espace vierge de toute empreinte humaine dans le jardin de l’architecte Michele de Lucchi rend son acte des plus symboliques et dérisoires.

Faire œuvre de réhabilitation, c’est enfin le message de la fiction E1027, où l'architecte-designer Eileen Gray reprend vie et intègre pleinement l’histoire féminine des architectes. Une histoire sur le pouvoir de l’expression féminine et le désir des hommes de la contrôler.

Le regard singulier de ces films confère à l’architecture la force de « dessiner le comportement des gens » et la concevoir en lien avec l’écosystème devient central pour survivre. Des ciné-conférences, un classique du cinéma américain sur la figure de l’architecte (Le Rebelle) et une double séance sur le brutalisme au cinéma viennent compléter une section décidément bien fertile.

Aldo Bearzatto et Hervé Bougon, directeurs artistiques et fondateurs du Festival Close-Up

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