Section Imaginaires du Grand Paris

« Transformation(s) » pourrait être le maître mot d’une section qui prend le large cette année pour dépasser les frontières de la 1re couronne et embrasser un territoire plus vaste comprenant les Yvelines, le Val d’Oise et l’Essonne. Pour qu’une nouvelle identité et de nouveaux imaginaires se dessinent autour de ce territoire, il est important de revenir sur son histoire en interrogeant les archives audiovisuelles. La section Mémoires locales permet de mettre en perspective ces images du passé avec les problématiques de la ville contemporaine. Après Sceaux, Arcueil-Cachan et Rueil Malmaison en 2022, le 17 e arrondissement de Paris et Cergy-Pontoise sont à l’honneur cette année. Clichy-sous-bois et les enjeux de transformations urbaines sont au cœur du dernier film de Ladj Ly, Bâtiment 5. Le cinéaste des Misérables interroge l’engagement politique à travers une galerie de personnages incarnant les multiples visages de la cité. Ladj Ly prolonge ici l’exploration de sa ville, confrontée aux problématiques universelles d’une ville de banlieue si souvent stigmatisée. Dans le film Nous (2021), la réalisatrice Alice Diop nous fait vivre les transformations et évolutions du paysage métropolitain à travers la ligne B du RER. À travers son regard sensible, ce sont des visages et des récits qui s’entremêlent et qui traduisent ce qu’est le Nous d’un pays traversé par ses doutes. « S’il y a bien des mondes qui vivent à la lisière les uns des autres, le film veut tisser un lien et un chemin entre ces îlots » (Alice Diop). Les enjeux de la ville de demain et de ses transformations doivent aussi mieux prendre en compte et intégrer les enfants et les adolescents, grands oubliés de l’architecture et de l’urbanisme. Ainsi, la Maison de banlieue et de l’architecture d’Athis-Mons (Essonne), à laquelle le festival est heureux de s’associer, propose une riche et passionnante exposition sur La banlieue des enfants. Films, rencontres, débats pendnat lesquels l’enfant reprendra toute sa place et nous rappellera qu’il demeure un acteur important et central de la fabrique de la ville. Que peut le cinéma dans la fabrique du regard et dans notre perception de la « banlieue » ? En première partie de sa soirée d’ouverture, le Festival Close-Up propose une rencontre cinématographique inédite sur les imaginaires du Grand Paris autour du cinéaste Martin Jauvat (Grand Paris – film d’ouverture du Festival en 2022), de l’écrivain Aurélien Bellanger (L’aménagement du territoire, Grand Paris) et du sociologue Renaud Epstein (On est bien arrivés : tour de France des Grand Ensembles). Trois regards singuliers pour ouvrir quelques riches et enthousiasmantes perspectives esthétiques sur la banlieue. Transformons donc la ville et notre regard sur elle pour que résilience et richesse circulent dans ses veines et que le 7 e Art contribue à révolutionner en douceur !

Aldo Bearzatto, directeur artistique du Festival Close-Up